Le Tour Bouchon

 
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3 mai J+243 : arrivée à Katmandou Convertir en PDF Version imprimable Suggérer par mail
Pour la suite des aventures, se référer à la section Népal ...
 
2 mai J+242 : trajet en bus de Varanasi à Katmandou Convertir en PDF Version imprimable Suggérer par mail
Nous nous réveillons une fois de plus à 5h du matin. Dehors une petite brise matinale (à plus de 30 degrés...) rafraichit l'air; la ville se réveille en douceur. Nous quittons l'hôtel avec Sanober que nous avons rencontrée la veille car nous avons acheté le même ticket : un billet de bus touristique, c'est à dire avec un siège numéroté, allant au Népal (Katmandou pour nous en 48h) et incluant une nuit d'hôtel à la frontière. Nous traversons à pied les ruelles étroites du vieux quartier de Varanasi où règne le repos. Une fois sur la grande rue, nous montons dans un rickshaw et filons vers le coin de rue d'où part notre bus. Heureusement que notre chauffeur connait les lieux car nous aurions eu bien du mal à trouver cet endroit perdu sans plan ni nom de rues. Nous avons presque une heure et demie d'avance et nous nous installons sur les bancs en bois d'un vendeur de « chaï », un thé au lait très sucré plein de cardamome et d'autres épices qui se boit dans de toutes petites tasses faites d'argile. La tradition veut que la tasse soit ensuite jetée au sol et nous supposons qu'elle est due au fait que les personnes issues des castes les plus élevées ne peuvent pas boire après celles des castes inférieures. Quoi qu'il en soit, nous nous amusons à regarder les indiens jeter leurs tasses au sol.
Il est 9h ... Ca y est, le moteur du car se met à ronronner, le klaxon siffle et nous voilà partis. En 10h, nous parcourons environ 300 Kms. La route est chaotique et la conduite est toujours des plus impressionnantes : camions et bus (le nôtre est dans la liste) roulent au milieu de la route et, lorsqu'ils se croisent, attendent le dernier moment pour se ranger. Ils se frôlent en klaxonnant ce qui nous vaut à chaque fois des haut-le-cœur. Nous passons des péages qui ressemblent plus à des check-posts policiers et nous attendons des dizaines de minutes qui nous paraissent interminables, moteur éteint, aux passages à niveaux qui génèrent d'énormes bouchons. Les camions, bus, rickshaws et vaches s'entremêlent au point de bloquer les piétons. C'est vraiment amusant à voir, mais lorsque qu'une fois bien entrelacé tout ce petit monde se met à jouer du klaxon, ça devient insupportable ...  
A midi, nous nous arrêtons pour la pause déjeuner dans une petite cahute de bord de route. L'hygiène n'a pas l'air au rendez-vous. Nous ne mangeons presque rien.
Finalement nous atteignons la ville frontalière, Sunauli, vers 19h et rentrons au Népal sans problème à pied de nuit. Bye bye India ! A vrai dire nous ne sommes pas mécontents de quitter la chaleur et ce peuple que nous avons bien du mal à comprendre.
 
29 avril au 1er mai, J+239 à 241 : Varanasi (Bénarès) Convertir en PDF Version imprimable Suggérer par mail
Nous arrivons à Varanasi à 15h. Nous devions partir ce matin de Khajuraho à 6h, mais le chauffeur ayant veillé hier à une cérémonie de mariage, a eu la bonne idée de retarder l'heure de son réveil d'une heure. De 6 à 7, nous poirotons donc devant notre hôtel; on s'en serait bien passé !
Pendant les 8h que nous passons sur la route pour parcourir les 400 km, nous traversons des zones quasi désertiques. L'air est brûlant et les routes sont tantôt en parfait état tantôt en piteux, et ceci change invariablement.
A 15h, lorsque nous arrivons à Varanasi, nous n'avons pas mangé. Il fait plus de 40 degrés. Nous sommes assoiffés et nous devons parcourir à pied les 600 mètres qui nous séparent de la zone où nous souhaitons loger, avec tous nos sacs, la circulation des voitures étant impossible dans la vieille ville. Ni une ni deux, un homme nous colle aux tongs, comme d'habitude. Dur, dur pour nous d'accepter de se faire suivre ainsi.
Nous trouvons un hôtel au bord du Gange et ressortons après avoir avalé un yogourt et un litre et demi d'eau chacun. Nous nous dirigeons vers le lieu où s'exécutent les crémations. Pour la petite histoire, Varanasi est la ville de Shiva et tout hindou mourant ici stoppe automatiquement son cycle de réincarnations. C'est pour cette raison qu'un grand nombre de malades ou de vieillards hindous s'y rendent. Une fois morts, leurs corps sont brûlés sur les bords du Gange dans les lieux de crémations et leurs cendres jetées à l'eau.
Nous marchons sur les quais quelques minutes en cette fin d'après-midi et, au détour d'un bâtiment, nous tombons sur les feux de crémations ! Des énormes tas de bois se dressent dans les escaliers descendant dans l'eau du fleuve. Des gens discutent, des vaches se frayent un chemin parmi les rondins et trois petits feux brûlent des corps d'êtres humains sous ce ciel couchant dans la plus grande indifférence... Nous sommes pétrifiés. Nous tournons les talons aussitôt d'autant plus que des hommes nous attirent pour nous conduire au meilleur point de vue. Mais avoir un point de vue sur ces corps brûlant nous révulse. Et soudain, nous nous demandons ce que nous faisons là !!!
ImageNous voulons nous arrêter quelques minutes sur le bord du Gange, contempler le paysage, nous plonger dans l'ambiance tranquillement. Impossible. Nous sommes assaillis sans une minute d'arrêt. Ou peut-être mieux vaut dire, nous sommes assaillis sans dix secondes d'arrêt : vendeurs de fleurs, bateliers, vendeur de haschich ... Tout y passe, mais pour nous, ces constantes sollicitations sont insupportables ! Tout simplement insupportables ! Nous reprenons donc notre marche jusqu'au quai Dasashwamedh où une cérémonie hindoue se déroule. Nous nous asseyons pour regarder, mais une fois de plus nous sommes sollicités. Trop, c'est trop et de très mauvaise humeur nous prenons l'option de rentrer nous réfugier à l'hôtel.

Pour la première fois depuis le début de notre voyage,  nous ne savons plus pourquoi nous sommes en voyage et surtout, là. Nous sommes perdus devant tant d'incompréhension, d'animation, de sollicitations. Nous n'avons plus envie de partager avec les autres et devenons même pessimistes... La soirée n'est pas des plus gaies ...

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30 avril, 5h. Notre réveil sonne. Il fait déjà très clair. Nous  rejoignons les rivages du Gange et prenons un bateau pour longer le fleuve. La nuit nous a tranquillisés et nous avons retrouvé notre enthousiasme. Il fait bon, frais n'étant pas le terme adéquat pour ces plus de 30 degrés, et le soleil se lève doucement. L'ambiance est beaucoup plus sereine qu'hier soir et nous admirons les rives au rythme des rames.
ImageLes bâtiments ressemblent à des palais abandonnés. Les couleurs des façades sont chaudes et lumineuses. Au bord du Gange, les indiens affluent pour faire leurs ablutions. Tous les matins au levé du soleil, ils viennent très nombreux, seuls ou en groupes, mais paraissent tous se connaître et sont très souriants. Le rite est le même chaque jour : ils prononcent le mantra sacré, s'immergent complètement trois fois de suite et boivent une gorgée d'eau du Gange, malgré toute la pollution que celui-ci véhicule. Une fois ce rite religieux accompli, l'homme ou la femme se lave les dents, se savonne, nage ou lave son linge. Un exemple de vie communautaire.

Après cette petite balade matinale en bateau, nous changeons d'hôtel (en allant à celui d'à côté). La salle de bain du premier était vraiment trop sale ... Nous passons la journée à éviter tout mouvement tant la chaleur est harassante. Il fait 45 degrés à l'heure de pointe. L'air est figé. Les sols, les murs, les toits sont des fournaises à ciel ouvert. Entre midi et 16h, nous restons terrés dans notre chambre ou dans la salle internet sous les ventilateurs.  

Le soir, à la tombée de la nuit nous partons regarder les jeux de son et lumière de la cérémonie du Puja, le culte du Gange. La place principale grouille de monde. Les indiens ont l'air attentifs au spectacle. Nous ne saisissons pas la signification des chants et des gestes qu'effectuent les fidèles pendant presque une heure. Des prêtres hindous sont tournés vers le Gange en lui faisant vraisemblablement des offrandes. Nous retournons à notre hôtel dans la bonne humeur et dégustons des plats indiens délicieux. Question cuisine, il n'y a pas à dire, les indiens sont des chefs !

A Varanasi, les coupures d'électricité sont incessantes, jour et nuit. A peu près toutes les heures le courant s'éteint. Et alors que nous dormons, le ventilateur de notre chambre s'arrête. Nous nous réveillons alors aussitôt en transpiration et même l'eau de la douche qui est chaude n'arrive pas à nous rafraichir. A 5h du matin, nous voici donc sur pieds ! L'air dehors nous paraît frais. Nous sommes ravis.

ImageAujourd'hui, 1er mai ... La fête du travail ! Un bon prétexte pour ne rien faire ... Nous flânons de ci de là sur les berges du Gange et dans la vieux quartier du Chowk que nous trouvons fort authentique : dans l'étroitesse des ruelles enfumées des feux de cuisine se concentrent vaches sacrées, échoppes minuscules, badauds, roulottes, sadhus, etc. Des mobylettes parviennent à se faire un passage dans cet embrouillamini au son de leurs klaxons, en slalomant entre les bouses et les détritus. Sur les pas de porte, des femmes donnent le sein à leurs bébés, des vieillards discutent, un transistor grésille au son du dernier tube indien. Couleurs, odeurs, sons. Toute la gamme des moins agréables au plus jolis est là.
 
27 avril & 28 avril J+237 & 238 : Khajuraho Convertir en PDF Version imprimable Suggérer par mail
Il semble que l'épisode du bus ait mis Steph bien à mal : vomissements et troubles digestifs sont de la partie ! Une première dans notre voyage dont nous nous serions bien passés...
Nous profitons donc de ces deux jours pour nous reposer et fuir la chaleur en nous réfugiant dans notre chambre d'hôtel de grand confort. Aux heures les plus chaudes de la journée, le thermomètre affiche 43°C...  L'ambiance qui règne dans ce village n'est pas folichonne : des rabatteurs nous collent les tongs en permanence, les commerçants nous sollicitent incessamment sur un ton assez agressif. Bref, l'air n'est pas bon-enfant et nous n'aimons pas ça. Pour rester polis, nous dirons même que l'ambiance est insupportable !

ImageCeci étant dit, nous sommes ravis de visiter les temples le 28 au matin à la fraîche. Les édifices, très bien conservés, ont été édifiés entre le 9ème et 12ème siècle et le travail de sculpture est admirable. Comme bien souvent, ils sont dédiés à Shiva, Vishnou et autres divinités, mais comme nulle part ailleurs, ils sont flanqués d' un grand nombre de sculptures érotiques...

Étant donné que tous les trains sont complets et que l'idée de reprendre un bus nous donne la chair de poule, nous choisissons une option de déplacement facile et luxueuse; le 29 au matin, nous quittons Khajuraho dans une voiture de location avec un chauffeur ... Nous sommes heureux !
 
26 avril J+236 : Trajet Orchha - Khajuraho Convertir en PDF Version imprimable Suggérer par mail
Nous ne le savons pas encore mais nous allons passer aujourd'hui la pire journée de notre tour du monde... Tout au moins pour le moment !

Le réveil est très matinal, 5 h, car nous quittons Orchha pour Khajuraho, plus à l'est. Nous devons prendre un train à 7h mais nous préférons prendre de l'avance pour boucler nos sacs, aller à la gare et surtout acheter les billets, ce qui n'est pas chose facile ici.
Une fois à  la gare, déserte, l'achat des billets s'avère très simple. Il est 6h et notre train ne part finalement qu'à 7H40. Nous attendons donc sur le quai qui se remplit petit à petit de gens toujours très intrigués par nos trognes...
8h, le train n'est toujours pas arrivé et la chaleur commence à s'installer. Finalement, sifflotant, la locomotive montre son nez peu avant 9h et nous constatons dépités que les wagons sont pleins à ras bord, places assises bien sûr, mais aussi couloirs et entrées. Le plus surprenant est que même les racks de rangement sont occupés par des voyageurs : des têtes parviennent à passer entre les barreaux des vitres pour trouver un peu d'air, acheter de l'eau ou de la nourriture.

L'idée de voyager pendant 7h dans ces conditions nous est inconcevable. Nous tournons donc les talons pour chercher un autre moyen de locomotion. Nous prenons un rickshaw qui nous dépose à un croisement où passent des bus pour Khajuraho. A peine 10 minutes plus tard, un bus s'arrête à grand peine 100 mètres après nous avoir dépassés. Nous le rejoignons rapidement et, dans la précipitation, ne notons pas qu'il est lui aussi archi plein. Même la ligne 1 du métro parisien les jours de grève n'est pas aussi chargée et nous n'exagérons rien ... L'homme qui nous vend les tickets hurle pour que les passagers se tassent puis nous pousse à l'intérieur. Nos sacs partent sur le toit et nous voilà coincés. Le bus n'est pas très grand mais il comprend tout de même 55 places assises bien tassées. Bien bien tassées. Le problème est que nous sommes au moins 120 d'après les estimations que nous ferons lors de notre long parcours ...
ImageD'un côté, les banquettes de 2 personnes sont occupées par un minimum de 3 personnes. 4 ou 5 lorsqu'il y a des enfants ou des bébés. De l'autre côté, les banquettes de 3 sont occupées quant à elles au moins par 5 personnes... L'allée centrale est évidemment pleine elle aussi. Rangement façon boîte à sardines, l'optimisation de l'espace est totale...
Stéph, en tant que femme, se voit « offrir » une place sur un siège (ce qui n'est finalement pas nous le verrons une bonne affaire) tandis que Sylvain reste, avec les hommes, devant la porte, ouverte (ça permet de gagner facile 4 ou 5 places et accessoirement ça fait un peu d'air).
Sylvain, la tête coincée entre 3 aisselles en équilibre à cloche-pied sur les marches, se voit donc batailler pour trouver de l'espace pour prendre appui sur son deuxième pied (l'espace au sol manquant) tout en trouvant des prises pour les mains dans l'enchevêtrement des bras.
Stéph quant à elle commence un long exercice de musculation. Assise sur une fesse (elle ne peut pas se mettre debout), elle tente tant bien que mal de rester en équilibre sur son bout de siège en s'appuyant sur une jambe pliée, écrasée par les gens du couloir qui parfois, à bout de force, s'assoient au dessus des dossiers des sièges.

Bien que très inconfortable, la situation serait tenable sur un parcours de bus de quelques minutes. Le souci est que nous avons plus de 4 heures de trajet sur une route assez cahoteuse. Il fait 40°C dehors. Pas « d'arrêt pipi » ni de pause pour manger. Nous passons en mode « déconnexion survie ».

Incroyablement, personne ne descendra du bus lors du trajet. Bien au contraire, le vendeur de tickets acceptera même des gens supplémentaires en chemin. Certes, il sera parfois forcé de le faire, le ton montant souvent avec les nombreuses personnes attendant en bord de route un moyen de locomotion.
Nous comprendrons plus tard que la période est particulière. La fréquentation touristique étrangère est au plus bas du fait des fortes températures. Mais, à cette époque, les indiens se marient en masse. Qui dit mariages dit invités. Les voitures particulières étant rares, ces invités se déplacent en transports en commun. Bus et trains sont totalement surchargés. Lorsque nous serons à Khajuraho, la ville battra son record de mariages avec 35 célébrations dans la même journée et tiendra à peu près le même rythme toute la semaine. Pour une population de 7500 habitants, cela fait un bon pourcentage de jeunes époux...

Nous arrivons en milieu d'après midi à Khajuraho, littéralement exténués. Difficile de supporter les sollicitations des chauffeurs de rickshaws et les « Hello-where are you from-where are you going » des rabatteurs d'hôtel qui nous collent aux basques sur des centaines de mètres pour empocher une commission. Nous appliquons toutes nos meilleures techniques d'esquive : discussion puis négociation, éventuellement arrêt brusque. S'ils s'avèrent (ce sont systématiquement des hommes) plus collants, nous procédons à l'accélération-demi tour puis à la séparation et enfin, pour les plus coriaces, au suivi du suiveur.
Disposant visiblement de peu de touristes à se mettre sous la dent, certains khajurahotiens s'avèrent coriaces et malgré nos efforts pour rester polis, l'un d'eux n'appréciera pas nos esquives et nous fera quelques petites menaces le lendemain...
Nous trouvons finalement un hôtel sans commission en milieu d'après midi, prenons rapidement notre premier repas de la journée puis profitons du repos d'une chambre calme.
 
24 & 25 avril J+234 & 235 : Orchha Convertir en PDF Version imprimable Suggérer par mail
Après un petit déjeuner pris sur la terrasse de notre hôtel à Agra avec vue sur le Taj Mahal, s'il vous plaît, nous filons en rickshaws à la gare. Notre train arrive à l'heure. Nous montons dans un compartiment très vivant. Les vendeurs de tout ce qui peut se manger circulent, ou plutôt tentent de circuler. Les voyageurs montant se bousculent et s'installent alors que ceux déjà assis ne ratent pas une seconde pour nous observer, nous les « blancs ». Nous trouvons nos places déjà occupées mais en montrant nos billets, les hommes installés se déplacent. Nous nous posons.

ImageNotre compartiment n'est pas équipé de climatisation. Cependant, des dizaines de ventilateurs accrochés au plafond soufflent un air chaud. Les fenêtres sont assez basses ce qui évite les infiltrations des rayons du soleil. Toutes grandes ouvertes elles sont striées de barreaux ce qui  confère aux wagons un petit air de prison ... Pas très charmant mais efficace ...
Deux coups de sifflet de la loco et le train démarre. Presque aussitôt, le vieil homme assis en face de nous prend la parole; Il parle très bien anglais et nous interroge. Nous lui retournons les questions et nous voilà partis pour plusieurs heures de conversation. Nous discutons des mœurs de nos pays respectifs : éducation, vieillesse, vie sociale. Nos échanges sont des plus intéressants. Évidemment, comme beaucoup d'autres individus, l'homme nous demande combien nous gagnons. Cette question nous met toujours mal à l'aise. Comment ne pas être totalement gênés d'annoncer à des gens qui vivent dans un pays si pauvre nos revenus. Nous noyons la réponse dans des propos confus en ayant du mal à croire, malgré son éducation, qu'il puisse comprendre que nous ne sommes pas des rois en France ....

Avec une heure de retard, nous arrivons à la gare de Jhansi. De là, nous négocions à la va-vite le prix de la course pour nous rendre à Orchha et filons. Nous arrivons dans ce très petit village  paisible et découvrons que la rue principale est des plus tranquilles. Les gens sont accueillants et moins mercantiles qu'ailleurs. La sensation d'être des portefeuilles ambulants nous quitte. Nous sommes ravis.
Nous dégottons une chambre pas des plus fraîches au regard des traces sur les draps et sur les murs puis trouvons une terrasse pour nous abreuver et partons au palais. Nous franchissons le porche, cherchons le guichet et nous apercevons rapidement qu'une famille indienne au grand complet nous suit. Nous montons les escaliers, elle monte. Nous redescendons ces mêmes escaliers, elle redescend. Nous ne savons pas ce que veulent ces gens. Ils ne nous parlent pas mais nous suivent et nous observent. Nous nous demandons si au lieu d'être des touristes nous ne sommes pas plutôt dans ce pays une attraction touristique ...  

ImageFinalement, nous n'entrons pas au palais mais, une fois libérés de la curiosité de cette famille indienne, nous en faisons le tour et découvrons à partir du toit d'un des monuments, une multitude de petits édifices disséminés dans la campagne. Certains sont à deux pas d'ici et sous la chaleur de cette fin d'après-midi, nous faisons chemin vers les dômes illuminés par le soleil couchant.
Les champs sont dorés. Des locaux nous saluent. Chèvres et vaches paissent des herbes grillées. Les animaux semblent discuter entre eux et leurs cris surpassent le chant des criquets. Un groupe de singes nous coupe la route. Que demander de plus ? Nous sommes ravis de trouver ce calme et rentrons au village pour un repas qui fait office de déjeuner et de dîner bien mérité !

Le lendemain, nous nous lançons dans la visite des monuments d'Orchha. Fondée au 16ème siècle par des souverains rajpoutes de la dynastie Bundela, cette cité devint au siècle suivant capitale du puissant royaume dirigé par le maharaja Bir Singh deo. C'est ainsi que des palais (au pluriel...), des temples et des mausolées ont été édifiés.

ImageNous visitons la majeure partie de ces monuments, répartis de part et d'autre de la rue principale et dans les prés environnants. Nous passons de l'un à l'autre au gré de nos envies. Nous sommes pratiquement les seuls touristes, ce qui nous enchante ! Quelques guichetiers malveillants tentent de nous extirper des roupies en nous proposant la visite d'une salle soit disant fermée au public (mais pourtant bien ouverte) ou en nous offrant un tour guidé. Mais dans l'ensemble, l'ambiance est bon-enfant. Quelques touristes indiens, à leur accoutumée, nous suivent et nous demandent de poser avec eux pour une photo souvenir. Le plus surprenant, c'est que ceux qui n'ont pas d'appareil souhaitent être photographiés avec le nôtre. Leur engouement pour la pose est très drôle, mais Stéph commence un peu à être agacée d'être épiée et photographiée sous toutes les coutures ....

Lors du déjeuner, un homme venu de nulle part nous approche et entame la conversation. Visiblement, il parle quelques mots de français et nous comprenons vite qu'il est en plein apprentissage de notre langue. Ni une, ni deux, celui-ci s'installe sur une chaise au bout de la table, et dans la plus grande improvisation, nous nous voyons lui donner un cours de français d'un quart d'heure. Lorsque l'homme nous quitte tout comme il était arrivé, c'est à dire sans vraiment l'annoncer, nous restons une fois de plus circonspects et amusés.
 
23 avril J+233 : Agra et le Taj Mahal Convertir en PDF Version imprimable Suggérer par mail
Il est 5h; Paris ne s'éveille pas encore, mais nous, si ... Nous filons à la gare pour attraper un train pour Agra. Le quai n'est pas bondé, le train arrive à l'heure, nous trouvons nos places sans accrocs et la voiture est presque vide. Rien à redire. Un petit déjeuner nous est servi. Nous demandons le continental composé de 2 tranches de pain, beurre et confiture et d'une espèce de donut's au poisson sur base d'une semoule ressemblant à la polenta. Étrange et bon ...
Nous arrivons à l'heure en gare d'Agra. 10H15 ! Décidément ce voyage ne correspond en rien à ce que nous attendions des transports ferroviaires indiens. Nous nous en étions fait une montagne, voilà que nous vivons le contre-exemple. A la sortie, après avoir éloigné de manière un peu brutale les quelques chauffeurs de rickshaws qui nous collaient aux tongs, nous achetons les tickets de train pour le lendemain et au guichet participons à ce que nous n'appellerons pas la file indienne : tout le monde s'entasse derrière le comptoir et le plus vif prend le tour en faufilant son formulaire de demande par la grille. L'exercice n'est pas des plus faciles pour Stéph d'autant plus qu'une fois arrivée au guichet, le vendeur de billets lui demande de se rendre à un autre guichet... Heureusement à grand coup de « Please ! » et d'yeux de merlan frit l'homme accepte de traiter notre demande.
Nous partons donc contents, billets en poche dans un rickshaw jusqu'à la vielle ville d'Agra, trouvons un hôtel et filons au Taj Mahal qui, pour nous, est l'emblème de l'Inde. Nous aimons particulièrement la légende qui dit que ce très fameux mausolée a été construit par un empereur afin d'accueillir la dépouille de sa femme dont il était fou amoureux. Il voulait un édifice majestueux; il l'a fait !

ImageLorsque nous posons nos tongs sur l'esplanade d'entrée à quelques centaines de mètres face à l'ouvrage, nous ne sommes pas vraiment impressionnés. Peut-être est-ce le fait d'avoir toujours la magie des temples d'Angkor à l'esprit ou une impression de déjà-vu (d'après les multiples images connues du site) ou bien le flot de touristes qui éteint un peu notre étonnement. Quoiqu'il en soit, bon train, nous partons à la découverte de l'édifice. Le sanctuaire est composé d'une grande salle où gît le tombeau de la reine. Les portes et fenêtres sont finement ciselées dans le marbre (c'est remarquablement beau !) et les bordures sont incrustées de pierres précieuses. Deux mosquées en grès rouge bordent l'édifice et le tout est implanté dans un paisible jardin. Nous sommes étonnés par la simplicité du lieu et constatons que les matériaux utilisés et l'architecture du bâtiment sont plus notoires que les détails.

Lors de notre visite, les touristes indiens nous prennent en photo et nous sommes très surpris lorsque, assis sur des marches en contemplation devant le mausolée, un  indien accompagné de ses copains approche son téléphone sonnant tout près de l'oreille de Sylvain et ne lui affiche rien de plus qu'un grand sourire enfantin ... Nous restons circonspects. Nous ne croyons pas à la moquerie de cet homme et pensons plutôt que celui-ci souhaite nous faire écouter des musiques locales. Sylvain rentre dans le jeu de l'homme et sourire aux lèvres, lui jette un grand « Ahhh » dans le creux de l'oreille. Notre indien rit toujours et puis s'en va après quelques mots échangés sans même nous saluer ... Quant à nous, nous restons méditatifs. Comment comprendre ce comportement surprenant ? Impossible de trouver réponse à cette question, mais une chose est sûre, c'est que nos repères de sociabilité sont bouleversés. Oublions nos codes et plongeons nous dans cette société atypique !

ImageAprès cet épisode amusant, nous ressortons plus enthousiastes. Comme quoi, tout est relatif.
Dans l'après midi, nous filons au fort rouge construit une fois de plus par les empereurs moghols entre les 16ème et 17ème siècles. Une énorme forteresse abrite un palais époustouflant. Marbre, grès, fontaines, jardins, mosquées, Sylvain tombe sous le charme de cet édifice aéré dominant la plaine.

Nous finissons la soirée sur la terrasse de notre hôtel accompagnés d'une bouteille de vin que nous avons ramenée de Dalat au Vietnam (il était tant qu'on la boive...) avec une vue imprenable sur le Taj Mahal. Elle est pas belle la vie !
 
21 & 22 avril J+231 & 232 : Delhi Convertir en PDF Version imprimable Suggérer par mail
Notre vol en provenance de Hong Kong atterrit sur le tarmac de Delhi vers 20H30 avec
plus d'une heure de retard. Heureusement, nous avions réservé la veille un logement avec transport de l'aéroport vers l'hôtel pour éviter les embrouilles de taxi après un long vol... La météo annonçant plus de 40°C pour les 5 jours à venir dans la capitale, nous nous surprenons nous-mêmes à trouver la température agréable. On s'y fait bien finalement ! L'air est en fait ici beaucoup plus sec qu'à Hong Kong où nous avions 85% d'humidité et au lieu des 42°C prévus, nous devons plutôt tourner autour des 36.
Après nos premiers pas sur le sol indien, nos premiers tours de roue. Un coup d'oeil au chauffeur qui nous attend dans la longue file des taxis, un hochement de tête, un petit « namasté » (le bonjour local) et nous voilà dans une petite caisse à savon que nous remplissons à nous 3 (avec le chauffeur) et nos sacs. Le poste de radio s'allume sitôt la clé insérée dans le contact. Haut-parleurs grésillant à fond des airs de tabla bien appropriés, toutes vitres ouvertes, le chauffeur appuie lourdement sur l'accélérateur. Nous voilà partis pour notre premier rodéo sur les routes indiennes, entre les camions chargés à bloc, les piétons, les motos, les vaches et bien sûr les nids de poules. Une bonne entrée en matière ! Nous arrivons à bon port de nuit et après avoir posé nos affaires, nous partons faire un petit repérage du quartier. Nous logeons entre le New et Old Delhi qui ne forment qu'une seule ville. Les magasins ferment les uns après les autres mais cela n'empêche pas les vendeurs de nous proposer leurs marchandises. Les rues sont jonchées de détritus souvent odorants entre lesquels nous slalomons.

Notre première activité du lendemain est de réserver des billets de train pour Agra. Le manque d'information fiable (beaucoup d'informateurs ne l'étant pas...), le nombre de guichets important, les queues non organisées et les formulaires à remplir ne rendent pas la chose facile mais après un certain temps ou plutôt un temps certain, nous parvenons à nos fins. Nous partirons dès le lendemain matin.

ImageDelhi est une ville immense regorgeant de sites à visiter, assez lointains les uns des autres. Nos repères d'Asie du sud est (prix, moyens de transport, petites embrouilles, négociations, etc.) ne nous sont plus utiles ici et nous ne savons pas trop par quel bout commencer. Au vu des nombreuses sollicitations des chauffeurs de rickshaws et des premiers prix annoncés, il va falloir se montrer ferme. Nous ne sommes plus dans des « pays du sourire » comme la Thaïlande, le Laos ou le Cambodge. Mais apparemment, d'après les « my friend » qui nous sont adressés, nous avons quand même déjà beaucoup « d'amis »...

Nous partons à pied prendre notre petit déjeuner sur Connaught Place, une grande place centrale de New Delhi pour réfléchir au programme de la journée. Repus, nous montons dans un premier rickshaw qui après quelques minutes sans avoir démarré revoit finalement son prix à la hausse. Petite embrouille, nous descendons puis après quelques recherches, trouvons notre compte à un prix raisonnable.
ImageNous partons vers le Qutb Minar, un site classé au patrimoine mondial de l'humanité par l'Unesco. Et il y a de quoi... Une magnifique mosquée de grès rouge en ruines (XII et XIIème siècle) mais dont subsistent des pans très finement sculptés d'arabesques et de sourates du Coran est dominée par une immense tour-minaret de 74 mètres de haut en excellent état. Nous profitons de ces instants de calme dans ce magnifique décor. Les touristes sont peu nombreux, les « occidentaux » absents. Tant mieux mais du coup, nous passons nous même pour des curiosités... Pour la première fois du voyage, des passants demandent à nous prendre en photo (particulièrement Steph). Nous constaterons petit à petit que les appareils sont souvent discrètement dirigés vers nous...

ImageAprès cette première excellente surprise, nous souhaitons nous diriger vers un autre site classé patrimoine mondial de l'Humanité, la tombe d'Humayun. Nous avons de nouveau affaire aux chauffeurs de rickshaws très casse-pieds mais nous en hélons un sur une grande route qui dispose d'un compteur honnête ! Arrivés à bon port, le site nous surprend par sa qualité mais aussi par sa taille ! Il ne s'agit pas d'une tombe mais de plusieurs mausolées, tous bien conservés et pleins de charme. Nous découvrons pour la première fois ici les talents des bâtisseurs moghols qui maniaient le grès rouge et le marbre dans une parfaite harmonie. Humayun n'était autre qu'un de ces empereurs de la dynastie moghol qui bâtit le Taj Mahal et sa tombe est supposée avoir inspiré ce dernier. La ressemblance est en tout cas frappante (enfin, d'après les photos que nous connaissons du Taj Mahal). L'immense bâtiment et le complexe de tombes l'entourant est impressionnant.

ImageAprès ces superbes visites, notre appétit de découvertes nous amène à sauter le déjeuner et nous donne la force de négocier de nouveau avec les chauffeurs de rickshaws. Nous partons cette fois ci pour l'Indian Gate, sorte d'Arc de Triomphe local. Le détour est intéressant, sans plus.
Nous passons donc notre chemin et poursuivons vers l'étrange Jantar Mantar.

ImageConstruit au XVIIIème siècle, ce complexe est un gigantesque outil astronomique. Les constructions aux formes surprenantes servirent pour l'une d'elles à calculer la distance de ta terre au soleil, pour une autre à localiser précisément les étoiles ou pour une autre encore, à donner l'heure, tout simplement.

Nous clôturons là notre balade dans New Delhi. Reste le gros morceau, Old Delhi, plus peuplée, plus désorganisée, plus chaotique. Nouvelle négociation avec les chauffeurs menteurs;
le chauffeur : « au Fort Rouge ? OK pas de problème »
nous : « peut-on mettre le compteur »
le chauffeur: « pas de problème, montez ! »
Nous montons, le compteur est HS
nous : « il ne marche pas le compteur »
un autre chauffeur : « ne t'inquiète pas my friend »
Le chauffeur fait mine de le réparer : « Ah non, tiens il ne marche pas mais je te fais un prix pas cher. Pour toi 500 roupies (un peu moins de 10 euros) »
nous : « non, pas possible, 30 roupies max (notre prix limite étant à 50, ce qui est déjà un bon prix pour la distance) »
Le chauffeur fait mine de s'irriter : « Ca ne va pas, il y a 13 ou 14 Km ! »
L'autre chauffeur s'y met : « Au moins ! »
Sylvain : « non, il n'y en a trois maximum »
Le chauffeur : « tu connais mieux la ville que moi ? »
Sylvain lui montre le plan et l'échelle : il n'y a pas plus de 3 Km...
Le chauffeur menteur persiste : « Qu'est-ce que c'est que ce plan ! »
Le ton monte, nous descendons du rickshaw
Le chauffeur: « OK OK, je te conduis pour 100 roupies, c'est le prix pour 3Km »
Nous refusons car ce n'est pas le cas. Nous nous éloignons mais le chauffeur attrape Sylvain par le bras: « OK pour 50 roupies »
Nous lui faisons comprendre qu'il ment comme il respire et nous éloignons pour trouver un autre chauffeur plus franc, suivis sur quelques mètres...

Après cet échange typique et fréquent, nous trouvons finalement notre bonheur et arrivons au fort rouge éclairé par le soleil couchant :
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ImageUn fort moghol construit par Shah Jahan, le bâtisseur du Taj Mahal. Bonne référence, le fort est impressionnant. Le soleil se couche et nous parcourons à pied les quelques kilomètres qui nous séparent de notre hôtel. Nous goûtons ainsi à la vie du vieux Delhi. Des routes encombrées de tous les moyens de transport imaginables, des épices, des petits magasins improvisés à tous les coins, des vaches sacrées qui mangent les détritus tapissant le sol en se souciant peu de la circulation. Ca grouille, ça fourmille, ça vit !

Nous arrivons à notre hôtel épuisés de cette longue journée. Nous mangeons (enfin !) d'excellents plats épicés accompagnés de chapatis (des petits pains excellents) sur la terrasse d'un restau et rentrons nous coucher.
 
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